Montréal envoyé spécial
Comme le héros de son Pavillon des miroirs, Sergio Kokis est né à Rio (en 1944) dans un milieu misérable et a dû quitter son pays natal pour un beaucoup plus froid. Il n'aime pas qu'on le plaigne sous prétexte qu'il s'est retrouvé, gamin, en «ins-titution», car il y a été plus heureux que dans sa famille aujourd'hui entièrement disparue et a pu y découvrir des livres. Mécanicien communiste d'Air France à l'aéroport de Rio («J'étais le garçon qui nettoyait les pièces»), il émigre en France après le coup d'Etat de 1964 grâce à des camarades qui lui obtiennent une bourse d'étude en psychologie. «Si ç'avait été une bourse en physique nucléaire, je serais physicien nucléaire.» Les études terminées, rien ne le rattache au Brésil. «C'était comme aller en Chine.» Il ne veut pas non plus de l'Allemagne de l'Est ni des camps libyens ou palestiniens, grenade et mitraillette n'étant pas son «moyen d'expression». Une occasion se présente d'exercer la psychologie au Québec en 1970. Depuis deux ans, il a cessé, vivant «modestement» de son activité de peintre, ayant moins de besoins maintenant que ses enfants sont grands.
Son narrateur n'est pas trop reconnaissant à son pays d'accueil, et s'agace de la prudence de ses habitants qui «jouissent sans sucre (")». Lui évoque «la générosité» du Québec et du Canada. Mais dit quand même: «La psychanalyse, c'est la macumba de ceux qui ont de l'argent. Alors soyez plus humbles.» Il n'a pas plus de compassion pour les velléités