Montréal envoyé spécial
Elena Botchorichvili n'est pas d'origine québécoise. Elle est née à Tbilissi en Géorgie, sa beauté est à peine moins spectaculaire que sur ses photos, mais elle est beaucoup plus jolie. Elle parle un français gracieusement mâtiné d'anglais tout comme elle écrit le russe en suivant la grammaire géorgienne au point qu'on dût courir jusqu'au Mexique trouver une traductrice qui la comprenne. Ce court roman est son premier livre, il contient en si peu de pages toute la saga d'une famille géorgienne sur trois générations, picaresque et sobre, extravagante et resserrée. Les personnages portent le nom de leur rôle pour qu'on ne s'y perde pas, Grand-Père, Père, Fils (qui se révélera bien tard être le narrateur), Première femme, Deuxième femme, Troisième femme. Un autre se prénomme Melor, soit «Marx, Engels, Lénine, October Révolution», mais il faut le savoir. Ce portrait drolatique et tendre d'aristocrates de la soviétisation jusqu'à la guerre civile de 1991 dit l'absurdité de la violence et l'humanité de ceux qui n'y recourent pas.
Il commence par la mort du père: «Je voulais écrire un livre où quelqu'un était toujours mort. Je suis longtemps restée bloquée à l'heure de la mort de mon père. Il était mon meilleur ami, un très bel homme, je ne me suis pas mariée à cause de lui, nous faisions ensemble des farces à mes prétendants pour les dérouter. Je suis un homo soviéticus, cela veut dire que j'ai peur, j'ai peur de tout sans savoir de quoi j'ai peur. La seule c