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Libération
Interview

Un dico qui dit quoi?

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Depuis plus de vingt ans, avec une équipe de chercheurs et une flopée de subventions, Claude Poirier rédige «le Dictionnaire historique du français québécois». Pour un résultat et des volumes pas vraiment exhaustifs.
publié le 18 mars 1999 à 0h11

Québec envoyé spécial

Le Québec est un pays francophone, anglophone aussi, et allophone, dit-on, pour dire qu'on y parle d'autres langues, la plupart amérindiennes en voie de sursaut ou de disparition. Francophone à 90%. Comme partout en francophonie, le français qu'on y parle est un peu-beaucoup différent des autres, par sa prononciation, son rythme, son vocabulaire. Mettons, en cherchant bien, que 3 000 à 5 000 mots sont en usage en français québécois et ne sont pas entendus en France, ou dans des acceptions différentes. La plupart sont des mots des provinces françaises apportés au Québec au cours des siècles de peuplement: les migrants venus de provinces diverses, locuteurs de patois particuliers, ont choisi le français comme langue commune, une langue qui n'était que rarement leur langue maternelle. D'autres viennent des Amérindiens. Les plus récents ont été forgés à partir des mots anglais spontanément intégrés dans un premier temps, entre 1760 et 1820, et rejetés ensuite par les locuteurs et la volonté politique.

Claude Poirier est professeur à l'université Laval de Québec, il règne depuis plus de vingt ans sur un département riche de documents et vide de personnel, sans l'équipe qu'il avait réunie à l'enseigne du Trésor de la langue française au Québec, choisie en hommage aux chercheurs de Nancy et de Strasbourg où il a fait ses études: «Prenons un exemple, le mot "pénouillère, un féminin, je le rencontre une première fois en 1880, puis plusieurs fois autour de 1950, j