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Libération
Critique

Jamais sans mon Stephen KingChristian Baudelot, Marie Cartier, Christine Detrez. Et pourtant ils lisent"" Seuil, 256 pp., 130 F.

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publié le 25 mars 1999 à 0h17

Quand la lecture va, tout va. Quand elle s'enrhume, le système

éducatif attrape la grippe et la société elle-même a du mal à rester debout. Comment va-t-elle aujourd'hui? Elle serait à l'agonie, proclament certains généralistes. Les jeunes ne lisent plus, la «crise» déborde largement le cadre scolaire et touche les couches cultivées de la population: voilà le prélude à la dislocation du lien social, à la perte des repères communs, à l'avènement de la barbarie, puisque la civilisation humaine, au dire de Durkheim, réside «tout entière dans des livres» et que «la science qui initie à l'intelligence des livres est la science des sciences, la clé nécessaire pour ouvrir toutes les serrures». Elle serait en pleine mutation, rétorquent des spécialistes, et, comme pratique socioculturelle, subirait des révolutions dans ses contenus, ses significations, ses modes d'appropriation, comparables à celles qu'elle a déjà subies dans son histoire, mais qui ne justifient en rien le ton apocalyptique utilisé par les «nouveaux prophètes de la fin du monde». C'est à cette seconde approche qu'invite la recherche que le sociologue Christian Baudelot a menée avec deux de ses étudiantes, Marie Cartier et Christine Detrez: Et pourtant ils lisent" Vous pouvez me torturer pour m'obliger à me dédire, persister au nom de Dieu ou d'Aristote à dire que la Terre est immobile, «et pourtant elle tourne», aurait lancé Galilée. Et pourtant ils (elles!) lisent ne doit pas être entendu en ce sens. Le travail de