Rony Brauman est Français, né à Jérusalem en 1950. Il a été président de Médecins du monde et a montré plus d'une fois qu'il n'était pas homme à laisser l'«humanitaire» instrumentalisé par les criminels de guerre. Eyal Sivan est Israélien, né à Haïfa en 1964. Réalisateur de documentaires, il a notamment filmé Izkor, une réflexion sur l'utilisation de la mémoire juive par l'Etat d'Israël. Ils sont coauteurs du film Un spécialiste et du livre Eloge de la désobéissance.
Pourquoi avoir couplé le livre et le film?
Rony Brauman. Le film pose un certain nombre de problèmes théoriques sur les rapports entre histoire et mémoire. D'où le livre. Mais notre ambition, c'est que le film marche tout seul, qu'il n'ait pas besoin de béquille.
Eyal Sivan. Nous avons commencé à écrire Eloge de la désobéissance après la réalisation du film. Car, face à certaines réactions suscitées par le film, nous avons senti le besoin d'expliquer notre démarche.
Pourquoi avez-vous travaillé ensemble?
E.S. Rony avait envie de faire quelque chose sur Hannah Arendt. Moi, depuis des années, j'étais travaillé par la question de la désobéissance. C'est l'un des sujets d'Itgaber, mon film avec le penseur israélien Yeshaiaou Leibowitz.
R.B. Et nous avons découvert une matière incroyable sur le procès.
E.S. D'abord, un lot de 70 heures d'extraits en mauvais état. Des images utilisées régulièrement pour illustrer des films sur la Shoah. Nous nous sommes mis à rechercher les bandes originales. Officiellement, ces archives n'existaient pas. Nous avons fini par retrouver des bobines entassées dans des toil