Evidemment, quand il distingue «9 degrés de cocuage» et décrit «70
espèces de cocus», dont 49 «d'ordre simple» et 31 «d'ordre composé», on se dit, bon, il s'amuse. Quand il écrit «geai griffe au nez dais vert dey mage oeufs naisse» et quand il fait naître le raisin d'un colossal coït de la Terre avec le Soleil, on se dit, soit, c'est un poète. Mais lorsqu'il considère avec la même attention l'immortalité de l'âme et la qualité des melons, les espèces de banqueroutes commerciales et les «gammes de polygamie harmonique dans les parties carrées», ou «démontre» que la couronne boréale «précipitera les particules bitumineuses par l'expansion d'un acide citrique boréal» et que ce fluide mêlé au sel transformera les océans en limonade «aigre de cèdre», on émet quelques doutes sur sa santé.
Fou furieux Fourier? Si être sage c'est changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde, et, de cet ordre, tenter de rendre raison, si être sage c'est reconnaître les bornes de l'action et de la pensée, ou séparer le possible de l'impossible et de l'impossible faire le deuil, alors Fourier, assurément, ne l'est pas, n'est pas de la bande des «mangeurs de choux et de raves», des philosophes «amis de l'impuissante raison». Si être fou c'est faire fi de la réalité et exhiber celle qui n'existe qu'en Utopie, il ne l'est pas davantage. La «vésanie» de Fourier dont on republie les principales oeuvres, en même temps que les essais de Simone Debout, qui les connaît le mieux (voir ci-après) est d'un autr