«Dans la figure de William Burroughs, l’Amérique trouve l’un de ses portraits les plus pervers en cette fin de siècle. Il a assimilé chaque fibre de sa culture et l’a représentée dans sa difformité. Il est tout aussi américain que la chaise électrique c’est un artiste qui a tenté d’exécuter sa culture en embrassant tout ce qui lui était cher. (« ) Comme l’Amérique elle-même, Burroughs n’a peut-être qu’une histoire mais c’est une histoire à plusieurs voix.» Dans Gentleman Junkie, son essai biobibliographique sur Burroughs, Graham Caveney s’intéresse avant tout au mythe symbolisé par l’écrivain né en 1914 et mort en 1997 et dont les plus grands fans, souvent, n’ont pas jugé nécessaire de lire les livres. «La seule idée de lui est aussi excitante que son oeuvre.» Ses multiples images recouvrent et masquent entièrement William Burroughs. «Le père des Beats, le parrain du punk, l’homme qui a tué sa femme, le junkie qui a survécu pour le raconter, l’explorateur psychique, le pédé déclaré, le cosmonaute littéraire, le hors-la-loi esthète les épithètes nous bombardent comme une bande d’actualités, réduisant ses titres plus concrets, tel Le ticket qui explosa, au rang de simples notes en bas de page. ( ») Le paternaliste sourd sous le pédophile, le junkie se fond dans le gentleman. Rien de caché, dans l’image de Burroughs, aucun secret à décoder. Ce qui intrigue (et déconcerte) dans la façade qu’il nous présente, c’est qu’aucun aspect n’a la préséance.»
Ave