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Libération
Critique

Un drôle d'épistolier. Que faire quand on ne sait plus à quel sein se vouer? Ecrire à Dieu, répond David McNeil en battant la mesure. David McNeil. La Dernière Phrase. Gallimard, 136 pp., 78 F.

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publié le 8 avril 1999 à 0h32

Le premier roman de David McNeil, Lettres à mademoiselle Blumenfeld

(l'Arpenteur, 1991), aurait dû s'appeler «Lettres d'Arnold Rumpelmayer, troisième gauche, escalier C, à mademoiselle Blumenfeld, sa voisine d'en face, 34, rue du Capitaine-Charcot, à Montrouge», mais ça faisait trop long. C'était un roman épistolaire, composé de lettres d'amour, et, on peut bien vous le dire maintenant, ces lettres n'arrivaient guère, et en fait de voisin d'en face le jeune Arnold faisait surtout honneur à la maladie mentale qui porte le nom de sa rue. Il n'est pas nécessaire d'avoir cela en tête pour apprécier le nouveau roman de David McNeil, la Dernière Phrase, roman épistolaire également, mais ça ne peut pas nuire, surtout vers la fin, lorsque le narrateur s'installe au numéro 26 de la rue Charcot à Montrouge, passant ses nuits à mater sa voisine d'en face sous la douche et entre ses draps, se demandant bien s'il ne devrait pas lui écrire, oui, mais en quelle langue? Ça n'a rien à voir, d'abord parce qu'il y a deux Charcot à ne pas confondre, Jean-Martin, qui fut médecin des nerfs et donna, on l'a vu, son nom à une maladie, et Jean, son fils, qui loupa ses études de médecine et dont une île australe porte le nom, ce sont des choses qui arrivent, à force de faire le tour du monde en bateau et pourquoi pas. Rien à voir non plus parce que l'épistolier de la Dernière Phrase ne s'appelle pas Rumpelmayer mais Dimitri Goldwein-Mayer, ce qui est assez différent et difficile à porter, au point d