Nous republions le portrait que nous avions consacré à l'écrivain Maurice G. Dantec en 1999, à l'occasion de sa mort, annoncée le 27 juin 2016.
Maurice Georges Dantec, 39 ans, a publié sur le tard des romans à succès que nul ne sait trop où situer. Des pavés qui brassent présent et futur, jonglent sur fond de chaos planétaire avec toutes les interrogations possibles (politiques, éthiques, technologiques, psychotropiques). Une production hybride, que journaux et libraires placent ici en rubrique «roman policier», là «science-fiction» ou «littérature». Ces objets rédactionnels non identifiés émanent d'un auteur qui a proposé un jour à son éditeur d'indiquer au dos de ses livres, en guise d'élément biographique, «Vit sur terre». Et, quand on lui demande d'où il vient, il répond: «Comment ça, d'où je viens? De Mars? En tout cas, Mars, ça me va, je m'en sens de plus en plus proche"» En ce début de samedi après-midi, l'homme en pantalon et sweat-shirt à capuche noirs reçoit à Paris, dans un appartement ensoleillé. Il est tranquillement attablé devant un «Coke», un paquet de blondes à portée de main; affable, souriant, il répond d'une voix douce, aux antipodes des accents apocalyptiques de son nouvel opus, Babylon Babies. Et, quelques jours plus tard, Dantec brouille encore les pistes: en concert dans une salle bondée de l'Est parisien, devant un écran bombardé d'images psychédéliques, il lit d'une voix distordue par les machines, un texte du philosophe Gilles Deleuze. Le voilà memb