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Libération

Handke, trublion proserbe, réveille le débat.

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Chez les intellectuels européens, la confusion des arguments. En Allemagne, vieux réflexes et mémoire à vif.
publié le 14 avril 1999 à 0h43

Durant les premières semaines des frappes de l'Otan, les pages culture des grands journaux allemands n'ont pas manqué de sujets de diversion: le 250e anniversaire de Goethe, la succession de Richard Wagner à la direction du Festival de Bayreuth" Pour la première fois depuis 1945, des soldats allemands participent à une guerre" et le philosophe Jürgen Habermas consacrait un long texte au toujours difficile travail de mémoire sur le passé nazi!

Empêtrés par les contradictions de ce conflit, déchirés entre leurs vieux réflexes antiaméricains et l'horreur de scènes qui évoquent le passé nazi, poètes et penseurs allemands ont mis du temps avant de se réveiller. Ce n'est que lentement et péniblement que le débat intellectuel a commencé à s'animer. L'essayiste Hans Magnus Enzensberger, tiré de sa réserve par Jean-Pierre Chevènement qui a cité un de ses anciens textes pour dénoncer les «fantasmes d'une morale omnipotente», a fait savoir qu'il était interprété à contresens. Contrairement au ministre français de l'Intérieur, il juge nécessaire l'intervention de l'Alliance atlantique. «Au lieu d'engager des troupes terrestres, on devrait armer les Kosovars. Ils s'y connaissent mieux en matière de guerre des partisans», suggère-t-il même au magazine Spiegel. Enzensberger n'a d'indulgence que pour la démarche de Chevènement, irruption surprenante à ses yeux de la philosophie en politique: «Un ministre allemand ne lirait sûrement pas un livre de ce genre.»

Dans un dossier publié lundi par l