Heureusement pour le métier qu'elle fait, dit-elle et par
«métier», elle entend sa «passion d'écrire» , heureusement, oui, il lui est arrivé de «tomber sur pas mal de situations sociales inexplicables». L'Américaine Grace Paley, dont les parents étaient nés juifs russes, «n'a fait qu'interroger», toute sa vie, sans jamais jouer à «l'historien bidon qui passe son temps à répondre aux questions de tout un chacun au moyen de personnages inventés pour boucher les trous». La petite bonne femme, grand-mère et grande dame âgée de 77 ans, cet écrivain alerte qui rendait récemment une visite aux étudiants de l'université d'Angers, est l'objet d'une forme de culte. Pourtant, elle a peu publié: trois recueils de nouvelles en quarante ans. Et voilà, la prénommée Grace est en son pays un personnage: une (forte) personnalité et avec ça vraie: aussi indécrottablement lucide qu'optimiste. Bref elle a été sincère, tout du long et Dieu sait si elle a sillonné des pays, du Viêt-nam au Guatemala en passant par l'ex-URSS et le Chili et continue en militante patentée. Elle a su, et sait perpétuellement réagir et agir, en poète autant qu'en lutteuse, craignant, farouche, pour la planète. Pacifiste dans les années 50-60, féministe bien avant l'heure, écologiste toujours et encore, alliée ad vitam des enfants comme des vieux parents (les siens et ceux du monde tel qu'il ne va pas), Grace Paley est l'auteur des Petits Riens de la vie (1959), d'Enorme Changement de dernière minute (1974) et