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Critique

Eclats de Grace. Articles, préfaces, interventions publiques, portraits: recueil recomposé de la New-Yorkaise Grace Paley, 77 ans, poète et lutteuse non violente. Grace Paley, C'est bien ce que je pensais, Traduit de l'américain par Suzanne V. Mayoux. Rivages, 272 pp., 129 F.

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publié le 15 avril 1999 à 0h44

Heureusement pour le métier qu'elle fait, dit-elle ­ et par

«métier», elle entend sa «passion d'écrire» ­, heureusement, oui, il lui est arrivé de «tomber sur pas mal de situations sociales inexplicables». L'Américaine Grace Paley, dont les parents étaient nés juifs russes, «n'a fait qu'interroger», toute sa vie, sans jamais jouer à «l'historien bidon qui passe son temps à répondre aux questions de tout un chacun au moyen de personnages inventés pour boucher les trous». La petite bonne femme, grand-mère et grande dame âgée de 77 ans, cet écrivain alerte qui rendait récemment une visite aux étudiants de l'université d'Angers, est l'objet d'une forme de culte. Pourtant, elle a peu publié: trois recueils de nouvelles en quarante ans. Et voilà, la prénommée Grace est en son pays un personnage: une (forte) personnalité ­ et avec ça vraie: aussi indécrottablement lucide qu'optimiste. Bref elle a été sincère, tout du long ­ et Dieu sait si elle a sillonné des pays, du Viêt-nam au Guatemala en passant par l'ex-URSS et le Chili ­ et continue en militante patentée. Elle a su, et sait perpétuellement réagir et agir, en poète autant qu'en lutteuse, craignant, farouche, pour la planète. Pacifiste dans les années 50-60, féministe bien avant l'heure, écologiste toujours et encore, alliée ad vitam des enfants comme des vieux parents (les siens et ceux du monde tel qu'il ne va pas), Grace Paley est l'auteur des Petits Riens de la vie (1959), d'Enorme Changement de dernière minute (1974) et