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Libération
Critique

Malaquais du départ. Marseille, 1940 : le carrefour chaotique des candidats à l'exil, décrit par un des leurs. Jean Malaquais, Planète sans visa, Phébus, 556 pp., 159 F.

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publié le 15 avril 1999 à 0h44

«Cinquante ans se sont écoulés depuis que j'ai lu Planète sans visa,

et je ne peux plus prétendre en avoir un souvenir complet. Ce que je n'ai pas oublié, en revanche, c'est sa puissance, son ambition, son ironie, et cette indignation sourde à l'endroit d'une société, la nôtre, contre laquelle le romancier se dressait en accusateur. Ce livre avait cinquante ans d'avance: il est temps de le lire!» C'est ainsi que Norman Mailer, l'auteur du Chant du bourreau, salue dans sa préface la réédition de Planète sans visa, le roman que Jean Malaquais publia en 1947 et qui reparaît quelques mois après sa mort, en décembre 1998, à 90 ans. «Jean Malaquais n'était pas seulement mon meilleur ami, poursuit Norman Mailer, il était mon mentor.» C'était juste après la guerre, à New York, où se trouvait alors Jean Malaquais. Juif polonais débarqué en France en 1926, enrôlé d'office bien qu'apatride en 1939 ­ l'année où il reçut le prix Renaudot pour son premier roman, les Javanais (1) ­, fait prisonnier pendant la débâcle, évadé, Jean Malaquais avait rejoint Marseille, où échouaient les candidats à l'exil, volontaire ou forcé. Après plusieurs mois d'attente, hébergé par Jean Giono, Jean Malaquais avait réussi, avec l'aide de Gide, à partir en 1942 pour le Venezuela puis les Etats-Unis.

Planète sans visa est le roman du Marseille de 1940, du carrefour extravagant et chaotique que fut la ville pendant les premières années de l'Occupation. Il est à ranger, avec quelques autres livres sur le Marseill