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Libération
Critique

Saigon mon amour

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L'adieu littéraire de Robert Olen Butler au Viêt-nam.
publié le 29 avril 1999 à 0h49

«Je suis seule dans ce monde mais pas de problème, je me suis

toujours dit, parce que dans une grande république socialiste nous sommes tous égaux et chacun de nous peut trouver une place dans l'Etat qui nous rassemble tous. Il n'y a pas de solitude.

Pourtant tout est différent maintenant. Je suis brusquement différente. Je suis nue. C'est ce que j'aimerais lui dire avec mes paroles. C'est ce que j'aimerais me dire.» Ancien soldat américain, Ben retourne au Viêt-nam plus de vingt-cinq ans plus tard. Il y rencontre Tien qui a l'âge d'être la fille d'une de ses conquêtes d'alors. Ils sont de toute évidence amoureux, mais cette différence de génération et le soupçon qu'elle entraîne gênent peu à peu leur relation.

Né en 1945, Robert Olen Butler fut en 1971 interprète dans l'armée américaine au Viêt-nam, pays qu'il aime et où, comme son héros, il est revenu depuis. La Fille d'Hô Chi Minh-Ville (titre original: The Deep Green Sea) est son quatrième livre traduit, tous chez Rivages, après Un doux parfum d'exil (prix Pulitzer pour la fiction 1993), Etrange murmure et la Nuit close de Saigon. De passage à Paris, il évoque le thème principal du roman, à ses yeux, à travers le lien entre son personnage et lui-même: «Tous les Américains ont laissé quelque chose de très personnel au Viêt-nam, qui tient à la combinaison de deux cultures. Pas juste quelque chose qu'ils ont laissé là mais quelque chose qui s'est créé là. Une part d'eux peut-être impossible à identifier a vécu au Viêt-nam et e