Au moment où sa mère le mettait au monde, le 24 février 1463, une
boule de feu apparut au-dessus du lit, tournoya quelques instants dans les airs, puis disparut, signe que le nouveau-né serait un génie et aurait une vie de météore, resplendissante et éphémère. On ne sait pas si c'est vrai. Mais, de fait, Giovanni Pico, comte de La Mirandole et de La Concorde, aura une existence fulgurante et, en une décennie, produira l'une des oeuvres les plus importantes de la Renaissance italienne: à quatorze ans, il étudie le droit canonique; à dix-sept, il est familier d'Aristote et d'Averroès, puis de Platon, connaît le latin, le grec, l'hébreu, l'arabe, le chaldéen; à vingt-quatre, il est admiré dans toute l'Europe comme prince des philosophes humanistes; à vingt-cinq, il est en prison; et, à trente et un, il meurt, empoisonné par son secrétaire.
De Jean Pic de La Mirandole, on publie aujourd'hui les 900 Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques. Il s'agit, comme on dit, d'une texte «mythique», dont on pouvait à peine espérer sans la prise de risque d'une petite maison d'édition et l'audace d'un philologue de vingt-six ans, Bertrand Schefer que, sans cesse cité, il fût un jour donné à lire in extenso en français (et en latin), étant donné la complexité de l'établissement même du texte: presque tous les exemplaires des Conclusions ont en effet été brûlés en public à Venise en 1491, et, des éditions antérieures à 1557 (1), il ne reste que trois incunables.
La philosophi