Mélodie du temps ordinaire est un roman-fleuve intimiste. Huit
personnages principaux, dix seconds rôles qui les talonnent, une solide population de comparses, tout ce monde cantonné dans la petite ville d'Atkinson (Vermont), évoluent le temps d'un été. Cela se passe en 1960, comme l'indique une allusion à Kennedy, candidat démocrate à la présidence. La communauté a ses notables, ses pauvres, ses délinquants. Le chef de la police, amoureux de la veuve du frère de sa femme, résume dans un accès de lucidité le principe du livre: «Il avait commencé à comprendre combien les gens étaient liés les uns aux autres.» Qu'il s'agisse de liens familiaux ou d'anciennes connexions occasionnelles, personne ne peut faire un pas sans se heurter à son passé. Marie Fermoyle en sait quelque chose. Son divorce entache de suspicion chacun de ses gestes. Même sa présence à la messe passe pour une insolence.
Marie Fermoyle a donc épousé Sam Fermoyle. «Elle était tombée amoureuse trop jeune de l'homme qu'il ne fallait pas. Imaginez, c'était aussi simple que ça, et maintenant elle ne remonterait jamais la pente. Elle ne serait jamais heureuse.» Sam est alcoolique. Marie s'échine à élever leurs trois enfants, Alice, 17 ans, Norm, 16 ans, Benjy 12 ans. Contentons-nous d'ajouter, dans le clan Fermoyle, un quincaillier réduit à jouer les pervers sexuels au téléphone; son affreuse épouse, soeur de Sam; et puis l'aïeule maintenue coûte que coûte en existence, car le patrimoine reviendra à Sam quand elle mo