En entreprenant la redécouverte (1) de Jean Marie Gustave Le Clézio (2) par le biais de l'étude que lui a consacrée l'écrivain journaliste (3) Gérard de Cortanze, on peine d'abord à imaginer ces personnes qu'à plusieurs reprises le biographe évoque, qui n'aimeraient pas J.M.G. Le Clézio. Car comment est-ce ou seulement serait-ce possible, n'aimer pas Le Clézio? L'homme respire une humilité de bon aloi, une culture agréable et une constante civilité, ponctuellement lisibles dans diverses chroniques pleines de bon sens revendicatif, à propos de baleines et d'Indiens. Toutes qualités qui pointent les limites de l'exercice critique appelé «éreintement»: voilà un auteur dont l'évidente qualité humaine fait qu'on s'en voudrait presque de ne pas apprécier l' oeuvre. Ceci n'ayant rien à voir avec cela, il faut se résoudre, hélas!, à dire les choses telles qu'elles apparaissent dans leur laconique et douloureuse évidence: J.M.G. Le Clézio a réuni dans Hasard suivi de Angoli Mala deux «romans»qui établissent à l'envi qu'il écrit toujours le même livre. Ou refait toujours le même rêve de livre.
Nous y sommes: de son univers clos, l'imagination est proscrite; l'adaptation de mythes figés en tient lieu. Tout se passe comme si, Sisyphe scripteur, Le Clézio n'en finissait pas de régler des comptes et légendes familiaux, dans des histoires dont le prologue inéluctablement enfante, toujours, l'épilogue trop prévisible, et sans qu'aucune forme d'humour, jamais, ne l'éloigne de son malheur