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Libération
Interview

«Je connais personnellement des imbéciles.»

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publié le 20 mai 1999 à 1h06

D'où avez-vous une si bonne connaissance des idiots, crétins et

autres imbéciles?

Un véritable amateur de champignons ne vous donnera jamais les coins à champignons. Je ne peux pas citer mes sources. Je connais personnellement beaucoup d'imbéciles mais je ne peux pas vous dire qui, tout le monde se ruerait sur eux. J'ai un carnet où je note des idées, les jours faibles je me pille. J'ai noté ça: «Chaque seconde, dans le monde, il y a quelqu'un qui dit une connerie. Manque de bol, ça tombe souvent sur moi.» Un artiste pense à lui-même pour exprimer des choses. Je dois avoir, enfouie au fond de moi, une mine d'imbécillité. La Belgique est une terre qui a porté l'imbécillité au rang de valeur nationale, se faire passer pour un con est une constante de l'humour traditionnel belge, c'est très jouissif et très fort si c'est bien perçu au second degré. Au premier degré, évidemment, c'est dramatique. C'est un humour qui découle à la fois de l'autodérision anglo-saxonne et de Sancho Pança.

De quel milieu venez-vous? Dessiner a-t-il été votre première activité professionnelle?

Ma mère ne travaillait pas, mon père était d'abord dessinateur de presse, caricaturiste, puis distributeur de films de l'Est, il a contribué à faire connaître Polanski, Forman, Tarkovski, mais il a toujours fait passer la qualité artistique avant le commercial, si bien qu'il n'a pas fait fortune, c'est le moins qu'on puisse dire. Moi, j'ai fait des études de comédie et je suis devenu comédien. J'ai joué Mackie dans