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Critique

Montaigne est La Boétie.«Parce que c'était lui, parce que c'était moi», disait Montaigne de son ami La Boétie. Mais lui et moi ne faisaient qu'un, avance Daniel Martin, un universitaire américain. Daniel Martin, Montaigne et son cheval, Librairie A.G. Nizet, 116 pp., 120 F.

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par Pierre RIVAL
publié le 20 mai 1999 à 1h06

Le Discours de la servitude volontaire est un des premiers textes

républicains et même révolutionnaires de la pensée politique française. Publié pendant les guerres de Religion, il a refait surface en 1789, a été plagié par Marat dans les Chaînes de l'esclavage et a reparu périodiquement à l'occasion de toutes les grandes périodes de troubles de notre histoire: 1848, 1871, Mai 68" Sur la foi des affirmations de Montaigne, ce texte est attribué à un membre du parlement de Bordeaux qui fut son meilleur ami, Etienne de La Boétie. Un universitaire américain, Daniel Martin (1), affirme que cette attribution n'était qu'un subterfuge et que Montaigne est en fait le véritable auteur de ce brûlot antimonarchique et antichrétien.

Il est vrai qu'avant Daniel Martin plusieurs auteurs ont signalé que cette attribution posait problème, ne serait-ce que parce que l'idéologie du Discours cadre mal avec plusieurs éléments de ce qu'on connaît de la vie d'un La Boétie, issu de la petite noblesse de robe catholique de Sarlat: une première formation littéraire par des ecclésiastiques alors que Montaigne a été élevé au collège de Guyenne ouvert à tous les vents humanistes, des fonctions de censeur au parlement de Bordeaux chargé notamment de surveiller les pièces produites par les élèves de ce même collège, et, enfin, la rédaction d'un Mémoire sur la pacification des troubles, seul texte qui ne nous soit pas parvenu par le truchement de Montaigne, rapport recommandant au pouvoir royal une répressi