Pour dire l'Amérique, on dit McDo, on dit l'Otan, on dit business
(1), on Disneyland; en place de Starsky et Hutch, on pourrait aussi bien dire Irving et Auster, en référence à ce que leurs respectifs derniers romans véhiculent de l'Empire américain. Irving apprit l'écriture à l'atelier du même nom de l'université d'Iowa; Auster l'enseigna un temps, sous forme creative (je ne sais pas ce que ça veut dire) à celle de Princeton. Rien de déshonorant, là-dedans, mais la trace soulignée et durable d'une formidable (2) culture de l'efficacité. Sans tout à fait préjuger que l'aspiration au best-seller l'essence de ce que Vladimir Nabokov appelait les «bullshit departments» des facultés yankees ne produit que de la médiocrité manufacturée, il est de fait que, tant chez Irving que chez Auster, les procédés de fabrication n'ont jamais été si évidents. En résultent deux archétypes de littérature industrielle, tout à l'opposé de l'impair qu'on préfère de la musique, et un tant soit peu de prise de risque dans les paroles. Le premier de ces procédés consiste à mettre en scène d'héroïques littérateurs comme autant de projections de soi dans des postures intéressantes (sur fond de fric qui pleut et de gonzesses qui tombent). C'est peu dire que cet égotisme repu est accablant de vulgarité.
Ainsi en va-t-il outrancièrement chez Irving, dont la Veuve éponyme est de papier parce qu'elle est écrivain. La belle Marion sera médiocre auteur comme l'est son mari Ted, et comme le deviendra son j