Moscou, de notre correspondant.
Le plus étonnant, c'est que le nouveau Premier ministre russe, Sergueï Stépachine, n'ait pas cité Pouchkine lors de son discours d'investiture. De Primakov à Loujkov, pas un homme politique russe qui n'ait payé son tribut au culte Pouchkine, en «disant» quel ques-uns de ses vers . Certes, ce n'est pas tous les jours qu'un pays fête le deux centième anniversaire de la naissance d'un de ses grands poètes, mais, avec le Russe Alexandre Pouchkine, on bat le record mondial d'incarnation de la nation par un écrivain. En 1937 (centième anniversaire de la mort), Staline avait enfoncé le clou. Qu'on martèle de plus belle en Russie post-communiste pour dire tout autre chose. Car tout est dans Pouchkine et Pouchkine est dans tout. On peut acheter du chocolat, du ketchup, des bonbons, des allumettes, de la vodka Pouchkine, etc. Pas une rue de Moscou sans une affiche Pouchkine arborant la silhouette-logo du poète et y allant de sa citation célébrissime. Pas un banc où le fiévreux est censé avoir posé furtivement son fessier qui ne soit éclairé. Sans parler des rééditions, d'une dédicace de 5 lignes qui se négocierait à 5 00 000 dollars, des jeux télévisés, des spectacles -la Dame de pique, Eugène Onéguine, les Petites Tragédies, Boris Godounov- repris ou créés pour l'occasion comme l'impeccable Pouchkine-duel-mort mis en scène par Kama Ginkas. Sans oublier le bal qui réunira le jour anniversaire de la naissance (le 6 juin, comme le débarquement allié) tous