Frontignan envoyé spécial
Le week-end dernier, à un jet d'encre de Sète et de Montpellier, s'est déroulé le deuxième Festival du roman noir de Frontignan-La Peyrade, organisé par l'association Soleil noir. Au menu: des signatures et surtout des débats qui ont permis aux festivaliers de mettre des voix, des visages sur des noms. Pendant la table ronde sur les rapports entre le polar et l'engagement politique, l'avocat et romancier florentin Nino Filasto (Cauchemar de dame, l'Epouse égyptienne), la soixantaine chevelue et massive, la cravate élégante, énonce son credo sous la forme d'un précepte de William Blake: «Il faut que tu sois le grain de sable dans l'engrenage et non pas l'huile" Je veux mettre le plus de grains de sable possible dans la justice italienne, une institution vieille et conformiste. Avec l'âge, je deviens de plus en plus méchant.» Dans la rencontre sur le puritanisme et le crime, George V. Higgins (les Copains d'Eddie Coyle, Paris risqués), frêle, barbu et gris, raconte que, dans sa carrière de procureur, il a étudié plus de trois cents cas: «J'ai rencontré des gens qui ont admis avoir commis des crimes, mais aucun ne s'est jamais considéré comme un criminel. Ils se trouvaient toujours des circonstances atténuantes. J'ai essayé de les comprendre, cela m'a donné des idées d'histoires. Et ça ne m'a pas empêché de les faire condamner.»
Dans la table ronde sur les transgressions du genre, James Crumley (Un pour la cadence, la Danse de l'ours), toujours massif, c