Sur la question de la justice, le système éducatif n'est pas à un
paradoxe près: l'école républicaine a pu être perçue comme étant beaucoup plus juste que ce qu'elle était objectivement, alors que l'actuelle scolarisation démocratique de masse est vécue comme le lieu de toutes les injustices. On a pu, en effet, considérer juste une école injuste parce qu'elle l'était moins que l'ancien système et parce que l'injustice était d'ordinaire attribuée plus à la société qu'à l'école elle-même. Mais, au cours des années 80, ce paradigme est entré en crise. D'un côté, on a pris la mesure du caractère limité des ressources allouées à la réduction des inégalités de départ des élèves et, de l'autre, réalisé que l'école elle-même en fabrique de nouvelles. Dans ce mouvement, les recherches bourdieusiennes sur les inégalités d'accès au sommet du système éducatif ont laissé la place à des approches plus «internalistes» quant au fonctionnement de l'école, inspirées des théories de la justice anglo-saxonnes, notamment de celle de John Rawls. Ouvrage collectif (1) édité par Denis Meuret, professeur de sciences de l'éducation à l'université de Bourgogne, la Justice du système éducatif témoigne du renouvellement des études sur l'école et sur son actuelle mutation.
Dans la première partie, on interroge la capacité des théories de la justice à définir l'injustice en éducation; puis ce sont les nouvelles formes d'organisation des systèmes éducatifs qui sont mises à la question; enfin, c'est le vécu d