Ces Fleurs cueillies pour rien de Jacques Serena est le
vingt-et-unième volume de la jolie collection des «Musées secrets» des Editions Flohic. Ces désormais petits (ils furent plus larges et moins intimes) volumes gris reposent sur une idée simple et fragile, une manière de confiance dans la fécondité de l'admiration: proposer à un écrivain de délivrer un texte en harmonie, en résonance, avec l'oeuvre peint d'un artiste de son choix. Jacques Serena écrit ici à l'ombre et à la lumière de Gustave Klimt.
Jacques Serena est un écrivain rare: à 50 ans, il a publié trois romans, entre 1989 et 1993, et une pièce de théâtre, aux Editions de Minuit, textes témoins d'un univers sombre, d'une lucide désespérance. On ne l'attendait pas sous les ors de Klimt, et c'est auprès des femmes du maître de Vienne, femmes et modèles, qu'il se confie. Après tout, il n'y a guère de toiles de Klimt qui ne pourraient être une robe de mariée, ou de deuil. Mais nous n'oserons jamais les porter. Serena ose, il dit «je» pour tout le monde, il dit «je» sans se nommer, il est tantôt Le Peintre, ou un autre, tantôt Emilie ou Maria, ou une autre. Les deux jeunes filles s'ébrouent dans ce Champ de coquelicots peint en 1907, à chaque page la nudité les guette, cette nudité cachée pour être vue: «Il dit que si elle ôte tous ses vêtements il la dessinera. Elle relève sa robe et il pleure», page 21, sur la page 20, en regard, un «demi-nu» de 1913 est «assis et adossé».
«Emilie ferme ses yeux et veut que Maria mett