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Libération
Interview

Fois et le clan des Emiliens. Rencontre avec un Sarde deBologne, l'un des maîtres de l'école la plus remuante du polar italien. Marcello Fois. Sheol, Traduit de l'italien par Catherine Pitiot, 260 pp., 98 F.

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publié le 17 juin 1999 à 23h15

En Italie, on appelle Bologne «la grasse» ou «la rouge». Grasse

parce que on y mange très bien et les habitants y sont sensuels et pacifiques. Rouge, parce que la ville et la région sont administrées depuis des décennies par le Parti communiste et, aujourd'hui, par ses avatars. A Bologne, la convivialité et la coopération sont une sorte de religion, à table, au lit ou au travail. C'est le modèle émilien. L'école bolognaise du polar actuellement la plus en vue en Italie, s'en réclame ouvertement. Dans ce groupe, Marcello Fois est à lui tout seul une PME en expansion: romans, pièces de théâtre, programmes de radio, laboratoires d'écriture, vice-présidence de l'association citadine des écrivains, participation à colloques et salons plus ou moins spécialisés, ce Sarde installé à Bologne déborde partout. Marcello Fois est devenu célèbre avec Sempre caro (Toujours cher, en traduction chez Tram), un policier historico-identitaire qui se passe en Sardaigne au milieu du siècle dernier. Aussi l'identité est-elle au centre de Sheol, aujourd'hui traduit. En hébreu, sheol veut dire enfer, royaume des morts. Et c'est par le détour dans l'enfer du récent passé de la communauté juive de Rome qu'un inspecteur de police arrive à dégager son propre avenir.

Comment un Sarde devient-il un chef de file de l'école bolognaise du polar?

A Bologne j'ai fait ma maîtrise de lettres, commencé à enseigner, je m'y suis marié et j'y vis. Avec ces 80 000 étudiants à l'université qui viennent un peu de partout,