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Libération
Critique

La peau et les eaux.Par trois femmes, trois polars où, littéralement, l'élément liquide. Karin Fossum. L'oeil d'Eve. Traduit du norvégien par Gro Trang, 275 pp., Odin Editions, 119F. Minette Walters. Lame de fond. Traduit de l'anglais par Philippe Bonnet, Stock, 374 pp., 130F. Lynda La Plante. Coeur de pierre.Traduit de l'anglais par Marie-Catherine Caillava, 490 pp., Editions du Masque, 105F.

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publié le 17 juin 1999 à 23h14

La première coïncidence est macabre, et aquatique: Lame de fond,

Coeur de pierre et l'oeil d'Eve ont tous pour point de départ une victime émergeant de l'eau. Dans l'ordre, une menue jeune femme, échouée sur une plage isolée du sud-est de l'Angleterre, un riche quadra de Beverly Hills projeté dans sa piscine d'une balle en pleine face, et un homme en baskets qui remonte à la surface d'une rivière de Norvège. Ensuite, ces trois polars sont écrits par des femmes, et dans la veine «psychologique». Mais Minette Walters, Lynda La Plante et Karin Fossum répondent très différemment à la question consacrée par l'ancêtre Agatha Christie, «who's done it?» (Qui est coupable?).

Karin Fossum, suggestive. Le premier roman traduit en français de la Norvégienne Karin Fossum constitue la plus originale de ces immersions en eaux troubles. Il est, précisément, flottant, pas vraiment situé (dans «la ville froide») et centré sur deux personnages d'abord assez mystérieux, une femme marginale, peintre douée mais financièrement aux abois, et un inspecteur à la fois affable et plus prompt que l'éclair à dénouer l'écheveau d'un meurtre. Du coup, on sait relativement tôt qui a tué de quinze coups de couteau Egil Einarsson, employé soi-disant sans histoires d'une brasserie. N'importe, il reste une atmosphère singulière, créée autour de personnalités saisies jusque dans leurs recoins. C'est principalement la brune et maigre Eve, cette peintre qui ne vend pas et qui culpabilise pour sa fille mais en même t