Pays de cocagne pour quantité de solistes américains dès le début
des années 20, la France a toujours entretenu un rapport particulier avec le jazz, musique qu'elle a contribué à faire sortir du creuset folklorique dans lequel on se complaisait alors à la maintenir, outre-Atlantique. Le premier ouvrage fondamental jamais écrit sur ce nouveau style musical étant en effet à mettre au crédit du critique Hugues Panassié, qui commercialisait, en 1934 un gros livre intitulé le Jazz hot, qui, s'il prête aujourd'hui à sourire de par la naïveté de son style et la pauvreté de son vocabulaire technique, allait faire autorité et attirer l'attention de quelques Yankees illuminés, passés, jusque-là, à côté du phénomène.
Pourtant, si l'on considère que l'apparition du jazz dans l'Hexagone correspond approximativement à la fin de la Première Guerre mondiale (dès 1900, les Parisiens avaient préalablement fait connaissance avec l'ancêtre cake-walk), on s'aperçoit qu'il aura donc fallu attendre quatre-vingts ans avant que quelqu'un s'avise de rédiger une Histoire du jazz en France, même si, paradoxalement, certains chapitres majeurs de celle-ci (celui consacré à Django Reinhardt, par exemple) ont été abondamment traités. Comme si les spécialistes nationaux jugeaient dérisoire le développement en France, d'un genre qui, peu à peu, a pris ses distances avec le modèle US, pour constituer l'un des courants majeurs d'une musique moderne européenne (en ce qui la concerne, le terme «jazz» n'a plus vale