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Critique

Le jazz qui jase. Insultes, exclusions: une histoire du jazz en France où les querelles de chapelles fétides l'emportent haut la main sur la musique. Ludovic Tournès.New Orleans sur Seine, Histoire du jazz en France. Fayard, 501 pp., 150F.

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publié le 17 juin 1999 à 23h14

Pays de cocagne pour quantité de solistes américains dès le début

des années 20, la France a toujours entretenu un rapport particulier avec le jazz, musique qu'elle a contribué à faire sortir du creuset folklorique dans lequel on se complaisait alors à la maintenir, outre-Atlantique. Le premier ouvrage fondamental jamais écrit sur ce nouveau style musical étant en effet à mettre au crédit du critique Hugues Panassié, qui commercialisait, en 1934 un gros livre intitulé le Jazz hot, qui, s'il prête aujourd'hui à sourire de par la naïveté de son style et la pauvreté de son vocabulaire technique, allait faire autorité et attirer l'attention de quelques Yankees illuminés, passés, jusque-là, à côté du phénomène.

Pourtant, si l'on considère que l'apparition du jazz dans l'Hexagone correspond approximativement à la fin de la Première Guerre mondiale (dès 1900, les Parisiens avaient préalablement fait connaissance avec l'ancêtre cake-walk), on s'aperçoit qu'il aura donc fallu attendre quatre-vingts ans avant que quelqu'un s'avise de rédiger une Histoire du jazz en France, même si, paradoxalement, certains chapitres majeurs de celle-ci (celui consacré à Django Reinhardt, par exemple) ont été abondamment traités. Comme si les spécialistes nationaux jugeaient dérisoire le développement en France, d'un genre qui, peu à peu, a pris ses distances avec le modèle US, pour constituer l'un des courants majeurs d'une musique moderne européenne (en ce qui la concerne, le terme «jazz» n'a plus vale