Monique Wittig est de retour avec Paris-la-politique, un recueil de très beaux textes allégoriques labellisé P.O.L, et non plus Minuit, l’éditeur de toujours. C’est le premier livre qu’elle publie en France depuis 1985, depuis Virgile, non. L’Opoponax, son premier roman, soutenu par Marguerite Duras, a eu le prix Médicis en 1964, on y pense encore. Il existe un club sélect, purement littéraire, des amateurs de l’Opoponax. Leur signe distinctif est une soudaine illumination lorsqu’ils entendent prononcer le nom de l’auteur. Ils l’associent aussitôt au titre magique (voir page suivante).
Aux Etats-Unis, où elle vit depuis plus de vingt ans, où elle enseigne et où elle est enseignée, Monique Wittig est une star. The Straight Mind , recueil d'essais paru en anglais en 1992, théorise ce que ses fictions, à partir des Guérillères (1969), ont mis en images. L'hétérosexualité est le système à combattre. Comme il perpétue l'asservissement par l'homme, il convient de créer une catégorie qui aille au-delà de la répartition par sexes. Il n'y a plus de femme. Monique Wittig invente la lesbienne radicale.
Son engagement est connu et apprécié en France également. En juin 1997, lors de la Gay Pride, sa venue à Paris a attiré plus de monde qu'on n'en pouvait recevoir au centre Georges Pompidou. Mais quand même. On ne peut pas comparer la notoriété souterraine de Wittig dans son pays d'origine, et l'engouement qu'elle suscite de l'autre côté de l'Atlantique. Ici, elle est l'auteur d'un livre cu