Avec cette correspondance assez timbrée et un théâtre en partie
inédit: les oeuvres complètes d'Alphonse Allais, c'est fini. C'est ce que peut se dire aujourd'hui François Caradec avec la satisfaction du travail accompli. Car Allais et Caradec, c'est une longue histoire. Presque aussi longue qu'avec Raymond Roussel, Lautréamont ou Willy. Des milliers d'heures à traquer les chroniques dans les journaux, à recomposer pièce à pièce une biographie (Fayard, 1997) qui fit de ce personnage une figure du Quartier latin, l'un des rédacteurs en chef du Chat noir montmartrois, un journaliste dont les textes faisaient la joie matutinale des abonnés, et surtout un formidable écrivain.
Cette correspondance affranchira vite le lecteur. Les lettres d'Allais ne parlent jamais de littérature mais bien plus de la «vie drôle». Elles jalonnent sa vie, de ses débuts au Tintamarre à ses chroniques pour le Journal. Il commence par fréquenter le cercle des Hydropathes avec Charles Cros et Emile Goudeau, et ameute le boulevard Saint-Michel en compagnie d'un des ancêtres du regretté Mouna, l'«Illustre Sapeck», bien connu des services de police pour avoir mystifié commerçants, gardiens de la paix et conducteurs d'omnibus. Allais y fait ses débuts de «fumiste». Il rejoindra bientôt le cabaret de Rodolphe Salis dont il assurera la rédaction en chef du Chat noir, journal où il sera à l'origine de nombreuses mystifications. Notamment celle de signer ses articles du nom de Francisque Sarcey, l'un des plus cé