C'est un paradoxe iranien: depuis l'élection du président Mohammed
Khatami, jamais les écrivains n'ont été aussi libres s'exprimer et jamais ils n'ont été autant menacés. Libres parce que la censure s'est relâchée même si les fermetures de journaux et les procès contre les journalistes ne cessent de se multiplier (1). Menacés parce que trois intellectuels et un couple d'opposants militants pour la liberté d'expression ont été assassinés l'automne dernier par un escadron de la mort directement commandité par certains clans des services secrets iraniens (2). Il est vrai que l'Association des écrivains iraniens, interdite depuis 1981 par le régime islamique et qui a pour revendication «la liberté d'expression sans restriction ni exception», a pu obtenir récemment l'autorisation de se reconstituer (Libération du 11 juin) mais c'est une victoire bien fragile, encore provisoire et obtenue à l'arraché du ministre de l'Orientation islamique. Régulièrement, les responsables de cette association sont de surcroît violemment pris à partie par la presse conservatrice qui les traite de blasphémateurs et d'apostats, accusations très graves parce qu'elles rendent légitimes leurs assassinats par les groupes les plus extrémistes. Des «listes noires», vraies ou fausses, d'auteurs à assassiner circulent d'ailleurs actuellement. «Sous le régime du Shah, mon travail était menacé mais pas ma vie (...). Sous le régime islamique, au contraire, mes travaux n'ont jamais rencontré de sérieux obstacles m