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Critique

Le grand Allemand à sa maman. La femme est la meilleure ennemie de l'homme. Nicolaus Sombart dévoile le ressort freudien de la philosophie politique de Carl Schmitt. Nicolaus Sombart. Les mâles vertus des Allemands. Autour du syndrome Carl Schmitt. Traduit de l'allemand par Jean-Luc Evard, Cerf, 392 pp., 245 F.

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publié le 1er juillet 1999 à 23h43

Ecrivain, ancien haut fonctionnaire européen, Nicolaus Sombart est

le fils du grand sociologue allemand Werner Sombart (1863-1941). Parfait représentant de l'Allemagne wilhelminienne et post-bismarckienne, ce dernier était un proche de Max Weber, un réformiste social tempéré avant d'évoluer vers des positions réactionnaires puis carrément élitistes, conforme en cela à toute une génération qui ne s'est jamais remise de la défaite allemande de 1918. Le traumatisme de Versailles, la République de Weimar, la guerre civile et, enfin, la prise de pouvoir d'Hitler, sont les étapes qui jalonnent cette dérive des grands intellectuels allemands de l'époque, dont Carl Schmitt (1888-1985)est la figure emblématique, telle que la reconstruit Nicolaus Sombart dans les Mâles Vertus des Allemands. Appartenant au même milieu universitaire, Schmitt était un ami de son père, et c'est donc à la maison que le jeune Nicolaus s'est familiarisé avec l'auteur de la Théologie politique, avant qu'il n'en explore, adulte, les oeuvres. Conjuguant histoire intellectuelle et psychanalyse freudienne, ce va-et-vient entre les écrits, l'époque et la personnalité de Schmitt montre à quel point son destin et l'erreur de sa philosophie politique disent la vérité sur «l'histoire du malheur allemand».

Les grandes oppositions qui ont structuré à chaque nouvelle mouture la théorie politique de Carl Schmitt sont connues: Soldat-Bourgeois, Ami-Ennemi, Etat-Révolution, Terre-Mer, Nihiliste-Partisan. Nicolaus Sombart les