Stockholm, correspondance.
Un demi-siècle après la sortie du premier tome des Emigrants, Karl Oskar et Kristina sont toujours aussi chers au coeur des Suédois. Les deux barbus quinquagénaires ex-stars d'Abba ne s'y sont pas trompés, en choisissant de faire de la saga de Vilhelm Moberg une comédie musicale qui a battu des records de fréquentation: Benny Andersson a signé la musique et Björn Ulvaeus écrit les textes (voir Libération du 4 février). Le 19 juin dernier, la dernière s'est jouée à Stockholm, après 671 représentations et 1 000 917 spectateurs, selon le producteur. Le réalisateur suédois Jan Troell, 68 ans, avait déjà oeuvré pour immortaliser cette saga qui rassemble les Suédois. Il y a trente ans, il avait tourné l'adaptation au cinéma des romans de Vilhelm Moberg. Les deux parties avaient été nominées aux Oscars comme meilleur film étranger en 1972 (les Emigrants) et 1973 (le Nouveau monde). Jan Troell, directeur de la photo de Bo Widerberg au début des années 60, tourne actuellement dans le sud de la Suède un film sur une aviatrice suédoise du début du siècle.
Vilhelm Moberg a attendu près de vingt ans après la sortie du premier tome des Emigrants en 1949 avant d'en accepter une adaptation au cinéma. Comment a-t-il fini par se décider?
Il avait vu plusieurs de ses précédents livres adaptés au cinéma, et il n'avait jamais été content. Je crois que c'est pourquoi il avait jusque-là résisté aux avances des producteurs. Puis, début 1967, il a vu au cinéma mon premier f