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Libération
Critique

«A wop bop a loo bop a lop bam boom», oui bon bien.

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Rock. Exhumation bienvenue du livre d'un pionnier de la rock critique, Nik Cohn.
publié le 23 juillet 1999 à 0h01

Les livres sur le rock sont tous aujourd'hui plus ou moins illisibles et redondants, mais Nik Cohn a le mérite d'avoir été le premier à s'y mettre; et à se tirer aussi. Il explique ainsi sa trajectoire: lorsqu'il rédige A wop bop, en 1968, il a 22 ans, cela fait quatre ans qu'il écrit sur le rock (ou la pop, comme il appelle ça), et douze qu'il en écoute. Il était devenu rock critic à Londres sans avoir eu à intriguer: «Je n'avais pas de concurrence. Les scribes au début des années 60 ne se promenaient pas en pantalon de velours moulant avec des lunettes noires, ils n'avaient pas les cheveux aux épaules; et pour sûr, ils ne rédigeaient pas leur chronique hebdomadaire sur les fesses dénudées d'une charmeuse de serpents libanaise. Ils n'essayaient même pas de le faire croire.»

C'est la dernière phrase qui donne évidemment le ton de ce livre à la fois instructif et très personnel. En 1968, il se sent amplement autorisé à quitter tout ça, mais pas avant d'avoir fait le bilan. «Soit je gardais la foi telle que l'avaient affirmée les Teddy Boys, c'est-à-dire rester fidèle au rock comme à une romance condamnée d'avance. Ou très vite je me ferais chier. Riche, sans doute, et outrageusement dorloté, mais au fond, un tricheur.» Nik Cohn vivra désormais le rock au musée Grévin, dans les mythes: ce sera Rock Dreams. Il a beau devoir son titre à Little Richard et contenir des portraits saisissants de Phil Spector ou d'Eddie Cochran (le top, selon lui, bref, sans personnalité ni bagage, fi