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Libération
Interview

Almassy entre deux chaises. Hongroise, elle n'écrit qu'en francais. Entretien autour de «Tous les jours» avec Eva Almassy, arrivée en France en sachant conjuguer le verbe «s'amuser». Eva Almassy, Tous les jours, Gallimard, 258 pp., 110 F.

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publié le 26 août 1999 à 0h12

Il y a beaucoup de rythmes et de matières diverses, dans Tous les

jours, le second roman d'Eva Almassy, après V.O, paru en 1997, si bien qu'on est tenté de le lire plusieurs fois : une première fois pour en avoir une vue panoramique, une seconde fois pour le plaisir de s'y perdre et d'y ramasser des phrases avec la lenteur des enfants qui se déplacent en forêt en s'interrogeant sur chaque brin de fougère, une troisième fois pour imaginer que c'est un texte autobiographique sur deux jeunes soeurs qui vivent dans la Hongrie totalitaire de l'année 1977, une quatrième fois pour se dire que l'aspect autobiographique n'a aucune importance, une cinquième fois pour prêter attention au carnet parental sur la guerre, inséré dans la fiction, une sixième fois pour noter l'aspect circulaire de Tous les jours, qui explique en partie cette frénésie de relecture, et une septième pour se dire : «Tiens, mais qui est Eva Almassy, cet écrivain d'une langue française, dense, légère, vaporeuse, ironique, inventive, tandis qu'elle narre des drames, des mémoires brûlées, et aussi l'adolescence vive de deux inséparables presque jumelles, en dépit des seize mois qui les séparent?» Si l'on est très pressé, on peut aussi se poser toutes les questions d'un seul coup, puisque Tous les jours, n'a rien d'un texte abscons, mais poétique. Au hasard : «Depuis la veille, la grisaille avait terni le ciel, dorénavant pareil à une toile cirée sale.»

Qu'est-ce que ça change d'écrire directement dans une langue qui