On pouvait s'attendre à ce que le changement de millénaire appelât
une pléthore d'essais, d'anticipation ou d'analyse des craintes et des espérances. Ce n'est pas le cas. Les livres de philosophie et de sciences humaines qui paraîtront dans les mois à venir ne favorisent ni l'oubli (voir Harald Weinrich, Léthé Art et critique de l'oubli, Fayard) ni la prospection, mais, toujours, les exercices de mémoire, les réflexions sur le «passé qui ne passe pas», le génocide (Shmuel Trigano, l'Universel démocratique ou la singularité de la Shoah, Odile Jacob), le nazisme, le stalinisme. Quelques études «en prise sur l'actualité, évidemment (sur le Kosovo: Paul Virilio,Stratégie de la déception, Galilée) ou originales: Rome, portrait d'une ville, 312-1308, premier livre traduit en français du grand spécialiste Richard Krautheimer (Le Livre de Poche), Eloge de l'odorat d'André Holley (O. Jacob), Dika, élève de Sappho de Sandra Boehringer (Autrement), ou la Guerre des écrivains, 1940-1953 de Gisèle Sapiro (Fayard). Mais au vu des programmes éditoriaux c'est la pensée de Hannah Arendt (et de Descartes, et de Nietzsche) qui suscite le plus grand nombre de commentaires. Cela ne suffit pas à définir une tendance. Un seul signe apparaît nettement: le nombre considérable de livres sur la religion et la spiritualité d'une part, sur la" psychanalyse d'autre part. Est-ce à dire que, ne sachant de quoi demain sera fait, chacun cherche sa vérité ou son salut personnel? Voici, en tous cas, l'a