On connaissait la vie en Cinémascope. La voici en Simon Scop, et c'est tout de suite follement intéressant, sexy, léger. Simon Scop est le psychanalyste du Psychanalyste, le roman qui déclare la guerre à la dépression.
Les gens ne sont pas en forme, ils ont l'impression de manquer de contours. Marie la séductrice, obsédée par les déchets, se sent repoussée. D'où vient que son existence ne regarde personne? Un jour, Sylvain, lequel par ailleurs prend son pied à se faire «lacérer, étrangler et brûler», marche derrière une femme, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Elle se retourne. «Elle avait une lèvre tordue, gonflée, et un oeil au beurre noir. Elle prit une pose, les mains sur les hanches, et lui dit, Alors chéri, je te plais comme ça? Sylvain se sentit mal, il pensa, Mais pourquoi je suis cette femme, et la phrase lui explosa dans la tête.» En quelques séances, le lien est posé entre les membres de la famille de Marie qui ne pouvaient pas se voir, entre la mère de Sylvain et l'hôpital où il a souffert enfant.
Ou encore Edouard, gavé par sa mère qui le trouve trop gros, il ne pourra jamais se marier, dit-elle à sa meilleure amie. « Ecoutez, disait Edouard, je vous l'ai déjà dit, vous ne devriez pas partir, chaque fois que vous partez il m'arrive un truc (").» Les chapitres, très courts, intitulés comme des cartons de cinéma muet («Eva se bat», «Louise n'est pas d'accord»), se passent souvent chez Simon. Le dispositif est épuré au maximum, expédié en deux mouvements (Simon s