En marge de célébrations plus officiellement importantes, c'est une
«libération» entre guillemets qui se fêtait au Ritz le 25 août: voilà cinquante-cinq ans, alors que les troupes du général Leclerc boutent l'Allemand hors la capitale, Ernest Hemingway saute dans une Jeep, pile devant le 28, rue Cambon, dans le but de reprendre aux nazis son hôtel préféré. Ceux-ci ayant déjà rallié Berlin, l'usage du pistolet-mitrailleur se révèle inutile. Mais tout de même. L'auteur de Pour qui sonne le glas ingurgite une bonne cinquantaine de Martini dry pour se remettre. Personne, l'autre soir, ne semblait pouvoir tutoyer la performance de l'écrivain dont le patronyme orne toujours le bar du palace de la place Vendôme. Encadrés par des types déguisés en MP, tandis qu'un quatuor de gars en béret, figurant sûrement les frenchies, interprète des standards de Trenet (et même pas Paris brûle-t-il, ce chef-d'oeuvre de Mireille Mathieu, qui aurait pourtant été merveilleusement de circonstance), quelques compatriotes plus tout jeunes («je ne suis pas physionomiste, rappelez-moi votre nom») s'éventent à qui mieux mieux (dénonçons ce scandale: le bar du Ritz n'est pas climatisé) en se jetant à la figure des récits de parties de pêche (à l'espadon, naturellement). Jack Hemingway, fils aîné et sosie de Papa, chaussé de bien étranges pantoufles de velours semblant attester qu'il est ici chez lui, raconte quelques souvenirs d'ancien combattant (lui-même a libéré Montpellier). Calé dans un canapé propice