Fidèle à soi-même, Michel Houellebecq commence son nouveau recueil
de poèmes par un exercice de détestation: à bas la campagne et le lyrisme paysan qui s'ensuit. «La campagne./ Une purée de vert. Une soupe de vert./ Avec tous ces détails si foncièrement inutiles (arbres, etc.)/ ["] Tout cela donne envie de vomir.» Ne pas s'y tromper: ce dégoût n'est pas une facile prise de position moderniste, il ne provoque aucune joie, un regret seulement, celui d'avoir perdu l'émerveillement de l'enfance. Tout Renaissance tient dans ce constat amer que le monde présent n'est pas à la hauteur des espérances d'alors, d'avant. Houellebecq voudrait toucher à l'idéal («Il existe un espace insécable et profond/ Où nous vivons unis dans notre dissemblance») et il se contente de patauger profond dans le spleen. Donc: ça va mal, on file tout droit vers le néant, le corps nous lâche de partout, la sexualité est misérable, la masturbation notre lot quotidien, on se serait tué déjà s'il n'y avait, parfois, malgré tout, des moments de bonheur parfait et de possible amour tous concentrés à la fin du livre comme le signe d'une renaissance soudaine: «La nuit revient, fin de soleil/ Sur la pinède inévitable/ Et tes yeux sont toujours pareils,/ La journée est complète et stable.»
Mais la renaissance n'est pas seulement celle du narrateur, elle est aussi (surtout) celle des anciennes formes poétiques. Les Particules élémentaires lorgnaient vers le roman philosophique (tendance allemande), le présent recueil r