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Libération
Critique

Volodine planète des anges

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Antoine Volodine raconte un monde où l’homme est devenu le chiffonnier de son histoire. «Des anges mineurs», un diamant de 49 «narrats».
publié le 2 septembre 1999 à 0h39

Des anges mineurs annonce la disparition de l’homme de la surface de la planète. Mais que l’on ne s’égare pas. Il n’est pas question ici de millénarisme, de prophéties, encore moins de comète ou d’éclipse. Cette disparition n’est pas l’Apocalypse avec ses effets spécieux théologiques et son cortège de cavaliers, d’Antéchrist et de bêtes aux sept têtes. Chez Antoine Volodine, l’humanité s’éteint sans tragédie et fait une sortie en beauté.

Car il ne reste rien d'autre que l'intensité du rêve dans ce monde de villes ensablées, de décharges sud-asiatiques, de steppes irradiées et de boat-people à la dérive. L'espace est devenu un et l'espèce ne se réduit plus qu'à quelques centaines d'individus qui sont revenus à la magie, au troc, parfois à l'anthropophagie. Les uns se sont emmurés dans leur univers intérieur tandis que d'autres, parodies de Christophe Colomb, sont partis joyeux à la redécouverte de terres oubliées. L'homme est devenu le chiffonnier de son histoire, troquant des bouteilles en plastique contre des bribes de mémoire, fuyant le cauchemar par le rêve et n'affirmant plus son humanité que par un humour aussi noir que sa mélancolie.

Mais l'homme n'a pas disparu sans faire d'histoires. Il y en a ici quarante-neuf construites musicalement autour de Will Sheidmann. Conçu magiquement par des grands-mères chamanes, Will est une marionnette de chiffon qui devait sauver la planète en rétablissant, contre le capitalisme, l'idéologie égalitaire. Mais il n'a fait que livr