Menu
Libération
Critique

Est-ce toi, Marguerite?

Article réservé aux abonnés
Drôle et inventif, le roman tient ce que le narrateur a promis: dire " le coeur de Marguerite"
publié le 9 septembre 1999 à 0h33

Alexakis dit qu'il faut avoir deux choses, deux ingrédients, pour

écrire un roman, comme il faut deux aiguilles pour tricoter. Pour celui-ci, il précise: «Je voulais dire que certaines personnes sont capables d'aimer beaucoup, beaucoup plus que moi en tout cas. J'avais également envie que mon narrateur ne sache pas écrire, et qu'il y ait un écrivain dans le livre.» Avec ces deux aiguillons, Alexakis a tricoté un assez gros livre pour l'hiver. Le roman tient ce que l'auteur s'était promis, il dit le coeur de Marguerite, cette femme mariée aux deux enfants et au coeur plus gros que sa volonté, plus gros que la patience de son amant. Il invente le vieil Eckermann, un écrivain allemand que le narrateur révère et n'ose imiter. Il connaît son oeuvre par coeur (voyez, encore du coeur) et s'en fait l'exégète savoureux (avez-vous lu le Tramway, ou le Fauteuil roulant? non? vous devriez).

Bien sûr, ce n'est pas si simple, Alexakis est plus rusé que cela, son narrateur va très vite faire des progrès en écriture, et, s'il hésite un peu sur la première phrase, s'il court après jusqu'à la dernière ligne, il aura entretemps prouvé qu'il est de la trempe d'un Eckermann. Il faut dire qu'il s'y prend bien: «Je crois qu'on ne peut pas écrire de roman si l'on ne dispose pas d'un vrai bureau, avec trois tiroirs sur le côté et un au milieu. Je l'ai acheté au marché aux puces. J'ai préféré un meuble qui a servi, il me donne l'impression d'avoir déjà une certaine expérience du travail. Au fond du tir