S'il ne l'avait pas dit, on ne l'aurait jamais su. Le nom du héros
de Silex (sous-titré la Tombe du chasseur), Daniel Andreïevitch Izdolchtchikov, a largement à voir avec celui de son créateur. Daniel De Bruycker est en effet fils d'André et Izdolchtchikov est la traduction russe du flamand Bruycker qui signifie «censier», paysan payant le cens. Il y a deux générations, tous les ancêtres de l'écrivain étaient paysans. La génération de ses parents a commencé prolétaire pour finir petite-bourgeoise. «Il n'y a aucun antécédent culturel ou artistique dans ma famille.» Sa volonté d'écrire, il y a déjà trente ans, a été perçue comme une «bizarrerie» qu'on n'a ni encouragée ni réprimée.
«Ce soir, j'ai quarante-huit mille ans!» écrit Izdolchtchikov au milieu de ses fouilles et ses découvertes archéologiques. L'auteur est plus de mille fois plus jeune que son héros, car il n'en a que 45. Le français n'est pas sa langue maternelle: il est né flamand, «puisque belge est une nationalité qui se défait». A 32 ans, il est journaliste culturel (jazz, théâtre...) au Soir, à Bruxelles. Pendant dix ans, il est «l'alibi expérimental d'une rédaction conservatrice». Puis il a envie de bouger. Il part en 1987, quand Robert Hersant rachète le journal. Son idée est alors de s'installer au Japon, où il s'est déjà rendu pour son travail et dont la culture le fascine. Mais, avec sa femme, ils décident plutôt de faire des enfants dans un bel appartement près des Buttes-Chaumont, à Paris (il a maintenan