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Critique

Langues de Terre Par Louis-Jean Calvet, un essai d'«écologie» sur les dynamiques qui propulsent les cinq mille langues du monde les unes contre les autres. Louis-Jean Calvet Pour une écologie des langues du monde Plon, 310 pp., 159 F.

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publié le 16 septembre 1999 à 0h44

On l'emploie quotidiennement, elle est indispensable à la vie en

société, et pourtant «la» langue est de plus en plus insaisissable: nous utilisons un français grevé d'anglicismes et de simplifications grammaticales qui choquent les puristes, sans parler de ses déformations par le langage des rues, et de ses différentes versions pratiquées par telle ou telle communauté plus ou moins «assimilée» à notre culture. Ce phénomène apparaît dans tous les pays, et menace l'identité des langues les plus stables. Pour une écologie des langues du monde, du linguiste Louis-Jean Calvet, dresse le tableau de cette étrange foison linguistique. Parcourant la planète, se dessine un ensemble de lignes de force, de frottements, de métissages et de conflits entre quelques vastes continents linguistiques, cernés par une multitude d'îlots langagiers, mouvants en taille et en directions. «Considérons, pour simplifier les calculs, qu'il y a cinq mille langues sur la surface du globe et deux cents États.» Il existe des pays dans lesquels on parle plus de deux cents langues, d'autres où l'on approche du monolinguisme. Cependant les frontières linguistiques ne recoupent pas les frontières étatiques. En outre, le nombre de locuteurs n'est pas un critère suffisant pour établir une quelconque hiérarchie: non seulement une langue officielle n'est pas nécessairement la plus répandue, mais cette popularité varie au fil de l'histoire et à travers l'espace international... «La notion de langue est une notion ab