Mrs Dalloway avait déjà beaucoup voyagé dans l’oeuvre de Virginia Woolf, de la Traversée des apparences, le tout premier livre de la romancière, jusqu’au roman de 1925 qui porte son nom, en passant par la publication dans The Dial d’un épisode des aventures psychologiques de ce personnage sous le titre Mrs Dalloway in Bond Street. Puis, voici qu’en 1973 alors qu’elle travaillait sur le manuscrit du roman révélé par André Maurois au public français en 1948, l’universitaire Stella McNichol fit une découverte intéressante: parallèlement à l’écriture du texte principal, Woolf, totalement possédée par ce double fictionnel à peu près aussi imprévisible qu’elle-même (aux dires de son mari Leonard) avait composé puis délaissé une série de brefs récits mettant en scène Mrs Dalloway dans tous ses états. Publiée sous le titre Mrs Dalloway’s party, cette guirlande d’impressions qui recoupent sans trop de surprise le mouvement général du roman nous aide à mieux comprendre la méthode de l’écrivain qui songe à l’écriture d’une autre fiction . Elle note en effet dans son journal intime, le 26 mai 1924: «Ma pensée est toute occupée par les Heures». Roman jamais écrit.
C'est ici qu'intervient l'Américain Michael Cunningham, soixante-dix ans plus tard. Auréolé du succès de ses deux premiers livres la Maison du bout du monde et De chair et de sang , le voici qui s'emballe pour le projet avorté dont il découvre les premiers balbutiements dans une autre entrée du journal de Virginia, daté de 19