Quelques phrases de Luis Sepulveda citées chapitre 5: «J’ai perdu. J’ai toujours perdu. Ça ne m’irrite pas, ça ne m’inquiète pas. Perdre n’est qu’une question de méthode.» Mais Victor Silanpa, heureusement, n’est pas très méthodique. Il est même fort désordonné, se consacrant à sa vie sentimentale et sexuelle quand il ferait mieux de s’intéresser à son travail, et inversement. Il est à la fois journaliste spécialisé dans les faits-divers et détective privé attaché à résoudre une énigme sur laquelle il écrit (et dans une relation complexe avec Monica). Le mystère, cette fois-ci, surgit avec le cadavre inidentifiable d’un empalé. La cruauté particulière de cette mise en scène (car l’homme était déjà mort quand il a subi ce supplice) conduit Silanpa à se passionner spécialement pour elle. Il bénéficie en outre de renseignements exclusifs fournis par un policier qui a toute raison d’être trop gros puisque rien n’assouvit sa gourmandise. L’obésité maladive d’Aristophane Moya, narrateur de plusieurs chapitres («Je mesure un mètre quatre-vingts et je pèse cent vingt-quatre kilos»), est aussi la preuve que Santiago Gamboa, né en Colombie en 1966 et vivant actuellement à Rome, ne sous-traite aucun personnage secondaire quand il s’agit de tisser la toile de fond de son roman pour mieux faire passer, à travers la résolution de son énigme, quelques informations sur sa perception de la situation actuelle de son pays natal. Encore plus qu’au héros, c’est à la Colombie tout entière que par
Critique
Rubrique des fesses diverses
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par Mathieu Lindon
publié le 16 septembre 1999 à 0h41
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