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Libération
Critique

Toutes des falotes Patricia Cornwell, la caïd du polar américain, fait preuve avec sa «Griffe» d'un toujours beau savoir-faire, mais cette fois ses héroïnes sont un peu faiblardes. Patricia Cornwell La Griffe du Sud. Traduit de l'américain par Jean Esch, Calmann-Lévy, 382 pp., 129F.

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publié le 16 septembre 1999 à 0h43

Dès la page deux, on est prévenus: «Il était temps qu'une femme

débarque dans la maison pour faire le ménage.» Toujours aussi «chienne de garde» et féministe intrinsèque, Patricia Cornwell entame ici le second volet de ce qu'on pourrait appeler ses «chroniques du Sud», désabusées bien que légères, du moins à l'aune du désespoir massif qui accompagne son héroïne habituelle, Kay Scarpetta. Pas de Kay, donc, pas de dissection ni de meurtres atroces, mais un trio policier un peu mousquetaire (deux femmes et un jeune homme) chargé de remettre sur pied les déliquescentes forces de l'ordre de la ville de Richmond (Virginie), métropole du sud des Etats-Unis et ancienne capitale des confédérés, une ville où le nombre d'homicides frôle le record américain, où les «enfants vont à l'école avec des armes à feu et des couteaux», où l'on ne peut ignorer «les grandes cheminées de briques qui s'écroulent, les voies de chemin de fer et les viaducs rongés par la rouille, les usines désaffectées». Nommée chef de la police pour un an, Judy Hammer, flanquée de ses adjoints Virginia et Andy, affronte une myriade de problèmes dont les plus épineux ne sont pas forcément les plus gore ­il y a le gang de jeunes qui dépouillent; les paumés de tout poil; les pauvres gens et les pétages de plombs, à chaque étage. Construit de manière éclatée, la Griffe du Sud fait se télescoper toutes ces histoires dans un final plutôt raté ­mais bon, l'essentiel du livre vaut justement par ses à-côtés, ses digressions (