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Libération

Face aux piles : Deux professionnellesYasmina Reza. Une désolation Albin Michel, 157 pp., 85 F. Amélie Nothomb. Stupeur et tremblements Albin Michel, 174 pp., 89 F.

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publié le 23 septembre 1999 à 0h49

Dans notre souci maniaque de donner un semblant de cohérence à cette

lamenteuse chronique (Skorecki a raison: ces exercices sont le lieu électif d'une schizophrénie), décrétons-lui aujourd'hui pour commun objet deux jeunes femmes également susceptibles de se voir primées et dont cartonnent en librairie deux petits livres labellisés romans, et qui n'en sont pas.

Il est vrai que, à considérer tout ce qui s'effeuille sous l'étiquette «roman», on aurait mauvaise grâce à faire à Yasmina Reza un quelconque procès. Le dossier de presse de la jeune dramaturge est lourd de dithyrambes épais, relativement à son succès public, et tout particulièrement grâce à cette pièce, Arts, dont, pour ne pas l'avoir vue, nous avons entendu parler. Il contient également cette drôle d'idée, exprimée dans les Inrockuptibles, que la dame serait boycottée par le quotidien Libération parce que son théâtre «internationalement reconnu» ne serait pas subventionné, parce qu'elle serait élégante et parce qu'elle poserait dans Elle et le Figaro Madame. Argumentaire surprenant de poujadisme pour étayer un propos un peu bêta, mais bon, puisque Yasmina ­ qui n'est certainement pas responsable des sottises qu'écrit à son propos Marc Weitzmann ­ publie avec Une désolation son «premier roman», on y est allé voir.

Une désolation met en scène Samuel Perlman, 73 ans, sentant sa mort prochaine et fustigeant longuement la médiocrité des ambitions de son fils. Le locuteur exprime en passant, aux sujets de la vie, la mort, D