Les romans de Göran Tunström se passent à Sunne comme ceux de Thomas
Hardy se passaient dans le Wessex, à ceci près que Sunne n'est pas une contrée imaginaire. C'est la petite ville du Värmland, en Suède, où l'écrivain est né, en 1937, et où son père était pasteur. Le Värmland était déjà le territoire réel et romanesque de Selma Lagerlöf, laquelle circule en personne dans l'Oratorio de Noël (un des titres du «Thesaurus»). A Sunne, et dans le Livre d'or des gens de Sunne, elle est un nom de bateau à vapeur.
Le Livre d'or des gens de Sunne a pour narrateur Stellan l'épicier, collectionneur d'autographes chargé de rédiger une chronique des visiteurs célèbres. Il est un des fils du propre à rien qui épuisait sa femme dans le Voleur de Bible. Les circonstances l'amènent à fréquenter un membre de la famille qui se ramifiait dans l'Oratorio de Noël. Ainsi certains livres de Tunström sont-ils reliés entre eux, non pas selon un programme, mais au gré d'une imagination qui se plaît à rebondir dans les arbres généalogiques.
Le chroniqueur du Livre d'or, divorcé seul au monde, est une icône de la serviabilité. A lui la connaissance intime des clients. A lui l'organisation des festivités, à l'automne 1969, pour l'anniversaire de son voisin, un peintre certes pas célèbre, mais marié à une femme si belle que «c'est une lampe comme ça qu'il me faudrait.» Les récits s'emboîtent, dans un chassé-croisé chronologique effréné: la vie du peintre, celle de Stellan, avant, pendant l'automne 1969 et au