Menu
Libération
Critique

Pie XII, le p""respectueux. Pie XII était-il le pion de Hitler? La thèse de l'historien britannique John Cornwell est aussi controversée que l'attitude du pape pendant la guerre. John Cornwell, Le Pape et Hitler. L'histoire secrète de Pie XII. Traduit de l'anglais par Christophe Beslon, Jannie Carlier et Pierre-Emmanuel Dauzat. Albin Michel, 493 pp., 150 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 23 septembre 1999 à 0h50

La légende noire de Pie XII, à l'état civil Eugenio Pacelli, et son

silence assourdissant pendant la Shoah n'en finissent pas d'alimenter les polémiques alors que le Vatican pourrait, à l'occasion du jubilé de l'an 2000, annoncer sa béatification en même temps que celles de Jean XXIII et Paul VI. L'ouvrage de John Cornwell, dont le titre original Hitler's Pope est beaucoup plus explicite que celui choisi par l'éditeur français, veut, à partir «de documents inédits ou inaccessibles au grand public», apporter des révélations sur la figure de ce souverain pontife qui ne sut, ne put ou ne voulut bloquer la machine de mort nazie. Tout à la fois biographie d'un homme et histoire d'un demi-siècle de politique vaticane, ce livre se veut un réquisitoire. «Tout l'intérêt de l'itinéraire d'Eugenio Pacelli réside dans le mélange contradictoire et fatal de hautes aspirations spirituelles et d'un appétit effréné de pouvoir», écrit l'historien britannique qui se revendique catholique et assure avoir commencé son enquête pour exonérer Pie XII avant de se rendre à l'évidence des charges. Nonce en Allemagne, ce prélat germanophile et germanophone aurait facilité la prise du pouvoir de Hitler en paralysant l'activité du Zentrum (le parti des catholiques allemands). Ensuite, il fut le maître d'oeuvre du concordat entre l'Eglise et le régime nazi, qui a démobilisé toute résistance catholique. Devenu pape en 1939, Eugenio Pacelli, obnubilé par les intérêts de l'Eglise institutionnelle et par le da