L'approche régionale réserve le pire et le meilleur. Le pire: une
histoire rapportée aux dimensions de Clochemerle se complaisant dans la description de médiocres conflits locaux; le meilleur: un récit qui, tout en reconnaissant au national ses droits, souligne les spécificités d'une région, et nous aide ce faisant à mieux comprendre une époque. Le livre qu'Etienne Dejonghe et Yves Le Maner deux historiens nordistes consacrent à leur région pendant les années sombres relève sans ambages de la deuxième catégorie. Le Nord-Pas-de-Calais a, bien entendu, connu les drames que la France, dans son ensemble, a vécus entre 1940 et 1944. Pillée par les Allemands, la France septentrionale n'a pas échappé, par ailleurs, aux persécutions raciales, à la traque des opposants, aux combats de la libération... Elle n'en conserve pas moins une profonde originalité. Parce qu'elle dépend, tout d'abord, du commandement militaire de Bruxelles ce qui, en la coupant du reste de la France, suscite un profond sentiment d'abandon; parce qu'elle a déjà connu l'occupation teutonne en 1914-1918, ce qui suffit à vacciner la population contre les illusions de la collaboration; parce que le régime imposé par le Reich, enfin, fut infiniment plus dur que dans d'autres régions. Ces données expliquent la faiblesse du recrutement opéré par les collabos (1 000 militants seulement d'après nos auteurs). Elles provoquent par ailleurs le développement d'une résistance active qui s'exprime, notamment, lors de la g