Pour fêter les dix ans de sa collection, La librairie du XXe siècle, au Seuil, Maurice Olender conviait à trinquer avec quelques légendes vivantes de son catalogue à la Maison de l'Amérique latine. Arrivé parmi les premiers, Jean Lacouture se réjouit d'être très occupé: le Monde, qu'en impeccable ambassadeur du Sud-Ouest il convertit au rugby voilà quelques années, lui a demandé de remettre sa plume au service des crampons le temps de la Coupe du Monde. Ce qui ne l'empêche pas de continuer d'assurer aux vendanges de Malagar (en hommage à son compatriote Mauriac), et ne trouble en rien la préparation du tournage du prochain Godard, pour lequel il incarnera un vieil historien, partageant l'affiche avec un Jean d'Ormesson lui-même distribué dans son increvable emploi de citateur de Chateaubriand. «C'est la vie en hélico», lâche-t-il, lelouchien. Autre écrivain passé à la presse (le JDD), Philippe Sollers est accueilli à grands cris par Maurice Olender: «Je me suis jeté sur le journal du Shabbat», s'exclame-t-il. Dans le jardin, tandis qu'un ange passe (déguisé en Freud, familier de l'endroit du temps qu'il appartenait à Charcot), Sollers émet des doutes sur la pérennité de sa pige dominicale, «mais j'aurai au moins eu la satisfaction d'avoir ma photo à la Une sous celle de Barthez!», se console-t-il. Lui qui met une dernière main à l'édition des dessins de Proust est emballé par l'Immense Solitude de Frédéric Pajak, choix de textes de et sur Nietzsche et Pavese illustrés par de
Soupe aux lettres. «La vie en hélico»
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par Anne BOULAY
publié le 30 septembre 1999 à 0h56
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