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Libération

Le Pen gagne son procès contre «le Procès»

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Condamné hier pour diffamation, le romancier Mathieu Lindon va faire appel.
publié le 12 octobre 1999 à 1h09

Romanciers qui vous risquez sur les terres du Front national, tous aux abris après l'inquiétante victoire judiciaire dont peut s'enorgueillir Jean-Marie Le Pen contre les oeuvres de l'esprit qui lui déplaisent. Ce dernier vient en effet de faire condamner un roman pour diffamation à son égard: celui écrit par Mathieu Lindon (1), le Procès de Jean-Marie Le Pen, paru en août 1998 aux éditions POL. Ainsi en a jugé lundi la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, présidée par Jean-Yves Montfort, selon laquelle l'auteur a outrepassé sa liberté d'expression dans une fiction qui «dénature les faits pour renforcer l'hostilité de ses lecteurs à l'égard de Jean-Marie Le Pen et de son parti».

Le livre condamné raconte le jugement du meurtrier d'un Arabe, militant du FN, défendu par un jeune avocat juif, homosexuel, de gauche, qui utilise le prétoire pour faire le procès de Le Pen comme maître à penser de ce crime raciste. Lors des débats devant la 17e chambre (Libération du 11 septembre), Philippe Sollers, Jean-Marie Le Clézio, Marie Darrieussecq, Martin Winckler et Jean Echenoz avaient soutenu Mathieu Lindon en s'élevant contre une éventuelle «censure» judiciaire de la liberté de création littéraire, tandis que le procureur Reygrobellet en appelait à la «bienveillance particulière du tribunal».

Réalité et fiction. Nullement ébranlés, les juges ont retenu quatre passages diffamatoires, condamnant solidairement Mathieu Lindon et son éditeur Pa